Parcours créatif - suite

Crédits : Marie McNicoll, Pierre Robitaille ⋅ Salle de répétition (Don Quichotte) • Photo: Stéphane Bourgeois

CYCLE D’OR ESPAGNOL
Le ludisme du théâtre

CYCLE D’OR ESPAGNOL – Le ludisme du théâtre

Le titre de cet axe de création est un clin d’œil à la renaissance artistique du Siècle d’Or espagnol, dont Cervantès (Don Quichotte) et Calderón de la Barca (Le Magicien Prodigieux, La Vie est un Songe) sont issus.

Une des forces de ces auteurs a été de mettre en scène des questions philosophiques et métaphysiques avec une bonne dose d’humour. C’est d’ailleurs cette façon d’écrire et de voir le monde que José Sanchis Sinisterra (Des Poux et des acteurs, Les Figurants) et Hélène Robitaille (Santiago), auteure de Québec et complice de Sortie de Secours, ont convoqué dans l’écriture.

Sortie de Secours propose au public de plonger dans le Siècle d’Or avec légèreté et ludisme, tout en posant des questions existentielles universelles : Qui est-on? Qu’est-ce qu’on fait sur terre? Sommes-nous nés pour accomplir?

Si oui, quoi?

« Il y a quelque chose de très beau et touchant qui se révèle à travers l’humilité de l’Homme s’abandonnant à croire en quelque chose de plus grand que lui; ça met en lumière la fragilité qui nous réunit tous. »

À travers ces interrogations sur l’existence, souvent douloureuses, se manifeste tout de même un désir puissant, celui de vivre sur terre sans souffrance. La quête de la joie est fondamentale chez nos personnages du Cycle d’Or, autant que pour ceux de nos fictions biographiques. Parce que nous avons cette volonté assumée, dans notre travail de création, de ramener la comédie et le ludisme au cœur du théâtre. Pour sublimer les drames de la vie quotidienne, bien sûr. Mais surtout pour nous élever au-delà de la noirceur et du cynisme. Nous souhaitons jouer avec la réalité afin que la fiction qui en découle soit porteuse de sens. Et accessible.

CYCLE CATALAN – La culture catalane et la culture québécoise

CYCLE CATALAN
La culture catalane et la culture québécoise

En 1985, Philippe Soldevila participe au Congrès international de théâtre à Barcelone, où il assiste à une représentation d’Antaviana, un collage de textes de Pere Calders dans une mise en scène de la compagnie Dagoll Dagom. C’est une immense découverte, autant de l’imaginaire de cet auteur enraciné dans la culture catalane, que de la vie artistique catalane en général. Philippe découvre ainsi les nouvelles de Pere Calders qui inspireront les pièces Chroniques de la vérité occulte pour le public adulte et Conte de la Lune pour le jeune public.

Quelques années après Conte de la Lune, Philippe participe, pour le CEAD, à la lecture de pièces d’auteur.e.s catalan.e.s. Il découvre le travail de Mercè Sarrias, pour lequel il a eu un coup de foudre. Il dirige alors, avec le CEAD, la mise en lecture de la pièce À la défense des moustiques albinos qui renferme une bonne dose d’intelligence, d’humour et un esprit critique qui met les personnages face à leurs travers et ridicules.

Après avoir coproduit la pièce avec le Théâtre de la Vieille 17 et le Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO), Sortie de Secours poursuit ensuite la collaboration avec Mercè Sarrias en lui demandant d’écrire une pièce à la rencontre de nos deux cultures : Québec-Barcelona. De cette rencontre est née une collaboration avec La Sala Beckett de Barcelone puis, ultérieurement, avec la compagnie catalane Gataro, qui a coproduit avec Sortie de Secours et Pupulus Mordicus Les véritables aventures de Don Quichotte de la Mancha.

« On reçoit une culture à travers sa langue. Derrière sa rythmique et son humour intrinsèque se manifeste la nature collective d’un rapport au réel; la langue nous révèle une manière d’appréhender le monde. Pour ainsi dire, les langues sont pratiquement des profils de personnalité dont on hérite. »

En 1985, Philippe Soldevila participe au Congrès international de théâtre à Barcelone, où il assiste à une représentation d’Antaviana, un collage de textes de Pere Calders dans une mise en scène de la compagnie Dagoll Dagom. C’est une immense découverte, autant de l’imaginaire de cet auteur enraciné dans la culture catalane, que de la vie artistique catalane en général. Philippe découvre ainsi les nouvelles de Pere Calders qui inspireront les pièces Chroniques de la vérité occulte pour le public adulte et Conte de la Lune pour le jeune public.

Quelques années après Conte de la Lune, Philippe participe, pour le CEAD, à la lecture de pièces d’auteur.e.s catalan.e.s. Il découvre le travail de Mercè Sarrias, pour lequel il a eu un coup de foudre. Il dirige alors, avec le CEAD, la mise en lecture de la pièce À la défense des moustiques albinos qui renferme une bonne dose d’intelligence, d’humour et un esprit critique qui met les personnages face à leurs travers et ridicules.

Après avoir coproduit la pièce avec le Théâtre de la Vieille 17 et le Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO), Sortie de Secours poursuit ensuite la collaboration avec Mercè Sarrias en lui demandant d’écrire une pièce à la rencontre de nos deux cultures : Québec-Barcelona. De cette rencontre est née une collaboration avec La Sala Beckett de Barcelone puis, ultérieurement, avec la compagnie catalane Gataro, qui a coproduit avec Sortie de Secours et Pupulus Mordicus Les véritables aventures de Don Quichotte de la Mancha.

« On reçoit une culture à travers sa langue. Derrière sa rythmique et son humour intrinsèque se manifeste la nature collective d’un rapport au réel; la langue nous révèle une manière d’appréhender le monde. Pour ainsi dire, les langues sont pratiquement des profils de personnalité dont on hérite. »

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Crédits :  Alma Alonso Peironcely • Photo : Nicola – Frank Vachon

Crédits :  Alma Alonso Peironcely • Photo : Nicola – Frank Vachon

En traduisant du catalan vers le français, il est devenu clair pour nous que les cultures et langues québécoises et catalanes avaient beaucoup de similitudes. Et qu’entre ces deux cultures, il y a clairement un humour commun; et à travers leurs langues, la manifestation d’une sorte de victoire de l’humour sur le présent.

Tout démarre donc lors de ce congrès en 1985, voyage au cours duquel Philippe Soldevila visite aussi le musée Picasso, où il découvre ses aquatintes sur la tauromachie. Ces dernières lui inspireront le sujet de ce qui deviendra, quatre ans plus tard, la première création de Sortie de Secours: Tauromaquia.

En traduisant du catalan vers le français, il est devenu clair pour nous que les cultures et langues québécoises et catalanes avaient beaucoup de similitudes. Et qu’entre ces deux cultures, il y a clairement un humour commun; et à travers leurs langues, la manifestation d’une sorte de victoire de l’humour sur le présent.

Tout démarre donc lors de ce congrès en 1985, voyage au cours duquel Philippe Soldevila visite aussi le musée Picasso, où il découvre ses aquatintes sur la tauromachie. Ces dernières lui inspireront le sujet de ce qui deviendra, quatre ans plus tard, la première création de Sortie de Secours: Tauromaquia.

Aujourd’hui, la volonté de Sortie de Secours est celle d’opérer un enchevêtrement entre le cycle catalan et la fiction biographique. En se plongeant dans l’œuvre narrative de l’auteur Max Aub (voir section Primeurs – Les livres de mon grand-père ou Mon yayo était maxiste), la démarche permettra à Philippe de revisiter l’histoire familiale de la Trilogie d’une émigration en la reliant à l’Histoire de la montée du fascisme dans l’Europe du siècle dernier. Que devient l’être humain quand l’Histoire l’oblige à se déporter et qu’il ne devient pas seulement un immigré mais un exilé?

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Crédits : Pierre-Olivier Grondin • Les Jumeaux d’Arcdie • 2022 • Photo : Nicola-Frank Vachon

TRAGÉDIES ÉCOLOGIQUES – Le cri d’alarme

Le cycle des tragédies écologiques a émergé avec le temps dans l’histoire de la compagnie.
Comment ne pas en parler! Mais surtout, comment en parler?
Le cycle des tragédies écologiques a émergé avec le temps dans l’histoire de la compagnie. Comment ne pas en parler! Mais surtout, comment en parler?

Pour Sortie de Secours, ce sera en y déployant les thématiques migratoires et la rencontre de l’autre (celui ou celle que je ne suis pas, mais qui n’est pourtant pas si loin de ce que je suis).

En 2006, Sortie de Secours coproduit Bhopal de Rahul Varma avec la compagnie montréalaise Teesri Duniya. La pièce met en scène les conséquences dévastatrices de la tragédie humaine survenue en Inde lors de l’explosion, en 1984, d’une usine de pesticides au cœur d’un territoire densément habité.

En 2013, la pièce Quand la mer… d’Esther Beauchemin est montée par la compagnie en coproduction avec le Théâtre de la Vieille 17 et le Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO). La pièce raconte les conséquences de l’assèchement progressif de la mer d’Aral sur un petit village de pêcheurs dont la mer est la seule ressource économique.

En 2022, Les Jumeaux d’Arcadie réunit les compagnies Pupulus Mordicus, le Théâtre Populaire d’Acadie (TPA), Tutta Musica et Sortie de Secours autour d’une fable théâtro-musicale sur notre rapport à la nature. Un conte où l’émigration n’est plus un choix mais une nécessité : ce n’est plus une échappée pour la liberté, mais une fuite pour rester en vie. Il n’est plus question de prendre un avion pour tenter sa chance autre part, mais bien de se mettre en marche, de transhumer en quête d’un ailleurs où il sera possible de survivre.

Ce cycle de création est une façon de garder vibrantes des histoires d’injustices sociales et de mettre en lumière ce qu’il serait plus juste de nommer « les tragédies économiques » qui sont à l’origine des catastrophes écologiques, et dont nous sommes davantage les complices que les victimes.

En 2022, Les Jumeaux d’Arcadie réunit les compagnies Pupulus Mordicus, le Théâtre Populaire d’Acadie (TPA), Tutta Musica et Sortie de Secours autour d’une fable théâtro-musicale sur notre rapport à la nature. Un conte où l’émigration n’est plus un choix mais une nécessité : ce n’est plus une échappée pour la liberté, mais une fuite pour rester en vie. Il n’est plus question de prendre un avion pour tenter sa chance autre part, mais bien de se mettre en marche, de transhumer en quête d’un ailleurs où il sera possible de survivre.

Ce cycle de création est une façon de garder vibrantes des histoires d’injustices sociales et de mettre en lumière ce qu’il serait plus juste de nommer « les tragédies économiques » qui sont à l’origine des catastrophes écologiques, et dont nous sommes davantage les complices que les victimes.

« Au-delà de cet événement, on dresse un portrait réaliste d’une société
où le profit fait foi de tout, où les démunis sont laissés à eux-mêmes,
et où les sonneurs d’alarme sont écartés sans ménagement,
Bhopal a 20 ans mais rien n’a vraiment changé. »

Isabelle Guilbaut, Radio-Canada, 9 septembre 2005

« Au-delà de cet événement, on dresse un portrait réaliste d’une société où le profit fait foi de tout, où les démunis sont laissés à eux-mêmes, et où les sonneurs d’alarme sont écartés sans ménagement, Bhopal a 20 ans mais rien n’a vraiment changé. »

Isabelle Guilbaut, Radio-Canada, 9 septembre 2005

Conclusion

À travers les univers théâtraux que nous avons conçus durant les trois dernières décennies, Sortie de Secours a, bien sûr, raconté des histoires. Mais il a aussi développé des manières de créer avec l’autre.

Il a aussi exploré diverses formes théâtrales, allant jusqu’à questionner les codes du théâtre en mélangeant les styles et les époques et en voyageant d’une province à l’autre, puis d’un continent à l’autre.

Notre plaisir aura été celui de constater (et maintenant de défendre haut et fort), que ce qui nous différencie, au moment de créer, est bien ce qui nous rassemble. Et que l’autre, dès qu’on s’en approche, nous ressemble.

Avec la conviction que les récits intimes, au final, parlent de notre universalité.

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Extrait du documentaire :  Changer le monde… le parcours théâtral de Sortie de Secours.