LE TRIPTYQUE ACADIEN

En coproduction avec le théâtre l’Escaouette

La rencontre de trois visions

Intense, émouvant et fortement teinté par l’humour.

>Sylvie Mousseau, Acadie Nouvelle, octobre 2017

Crédits : Pierre Guy Blanchard, Luc Leblanc, Christian Essiambre • Photo : Louis-Philippe Chiasson

– fiction biographique –

L’incroyable légèreté de Luc L. constitue le troisième volet d’un triptyque amorcé en 2008, qui lançait, pour le Théâtre Sortie de Secours et le théâtre l’Escaouette, une toute nouvelle manière d’approcher l’écriture dramatique. Inspirées de la vie des comédiens impliqués dans le processus de création, ces aventures théâtrales ont constitué un réel voyage au cœur de ce que nous avons choisi de nommer la «fiction biographique».

En phase avec cette recherche dramaturgique, nos trois créations ont été également le lieu d’une exploration scénique au cœur de ce que nous oserions appeler la «théâtralité». Comment s’articule l’écriture scénique lorsque les concepteurs acceptent, en toute humilité, de réduire le langage scénographique à sa plus simple expression?

L’incroyable légèreté de Luc L. constitue le troisième volet d’un triptyque amorcé en 2008, qui lançait, pour le Théâtre Sortie de Secours et le théâtre l’Escaouette, une toute nouvelle manière d’approcher l’écriture dramatique. Inspirées de la vie des comédiens impliqués dans le processus de création, ces aventures théâtrales ont constitué un réel voyage au cœur de ce que nous avons choisi de nommer la «fiction biographique».

En phase avec cette recherche dramaturgique, nos trois créations ont été également le lieu d’une exploration scénique au cœur de ce que nous oserions appeler la «théâtralité». Comment s’articule l’écriture scénique lorsque les concepteurs acceptent, en toute humilité, de réduire le langage scénographique à sa plus simple expression?

Notre triptyque, croyons-nous aujourd’hui, a fini par mettre en valeur ce qui constitue la plus émouvante force du théâtre: celle de la suggestion. En l’absence de tout obstacle dressé entre l’acteur, le texte et le public, ce dernier doit forcément participer à la construction d’une histoire qui se révèle devant lui puis en lui, par la force de sa propre créativité.

« C’est enrichissant comme processus.
On part de l’être humain pour créer un personnage de fiction.
C’est une incursion dans le cœur de ce qu’est le théâtre. »

Philippe Soldevila, metteur en scène

Notre triptyque, croyons-nous aujourd’hui, a fini par mettre en valeur ce qui constitue la plus émouvante force du théâtre: celle de la suggestion. En l’absence de tout obstacle dressé entre l’acteur, le texte et le public, ce dernier doit forcément participer à la construction d’une histoire qui se révèle devant lui puis en lui, par la force de sa propre créativité.

« C’est enrichissant comme processus.
On part de l’être humain pour créer un personnage de fiction.
C’est une incursion dans le cœur de ce qu’est le théâtre. »

Philippe Soldevila, metteur en scène

«quatre ti-gars»

UN VOYAGE EXCEPTIONNEL AU CŒUR DE LA FRATERNITÉ

Crédits : Christian Essiambre • Photo : Nicola-Frank Vachon

Crédits :Pierre Guy Blanchard • Photo : Nicola-Frank Vachon

Crédits : Philippe Soldevila • Photo : Nicola-Frank Vachon

«quatre ti-gars»

Crédits : Luc Leblanc • Photos : Nicola-Frank Vachon

Le beau défi de Philippe S.

Une remarquable plongée dans la vie de trois artistes acadiens.  Les créateurs s’étaient donné le défi d’occuper la scène de façon convaincante, ce qu’ils font à l’aide de récits apparemment simples mais fort travaillés, en exploitant les talents de chaque comédien et en échafaudant une façon de raconter…
dans lequel les interprètes se déplacent avec une grande liberté.

> Simon Lambert, Le Devoir, mars 2018

L’HISTOIRE D’UN TRIPTYQUE

En 2008, avec Christian Essiambre, je me lançais bien naïvement dans cette aventure d’écriture de fiction biographique. Coincés tous les deux, par hasard, dans un de ces petits purgatoires dont notre métier connaît fort bien la géographie, nous avions du temps. Ce qui est rare…

À tâtons, j’abordai avec Christian les «personnages» et les jalons de son existence, ses pérégrinations ; ses soifs, au final. Tels deux thérapeutes (!), ou plutôt tels deux camarades qui se découvrent peu à peu dans l’exploration de l’intime, nous déterrions nos racines et mettions des mots sur nos aspirations… Grâce aux Trois exils de Christian E., nous devînmes «amis pour la vie».

Au fil de cette première création qui nous transforma l’un et l’autre, nous sentions que nous étions tombés sur une mine d’or, l’or étant ce que l’on recueille de plus précieux en soi, et qui, quand le miracle persiste, se partage aisément, dans la joie.

Le travail devait se poursuivre!

Le Théâtre Sortie de Secours et son complice, le théâtre l’Escaouette, décidèrent donc d’en faire un triptyque -et non une trilogie- l’appellation visant sciemment à évoquer un travail pictural: trois tableaux –ici des portraits d’artistes acadiens dessinés à travers le regard particulier d’un Québécois «à l’identité complexe», fils d’immigrants espagnols.

Ainsi, lors du deuxième volet du triptyque, nous avons été happés par l’être unique et bouleversant d’intégrité qu’est le musicien et comédien Pierre Guy Blanchard. Nous avons embrassé ses démons, puis, dans le cadre du Long voyage de Pierre-Guy B., il a rapidement marqué notre manière de travailler.

Emportés par son acharnée et contagieuse quête d’authenticité, c’est avec Pierre Guy, notre nouvel «ami pour la vie», que nous avons entrepris notre dernière aventure de création. Et nous voici, tous les trois, décoiffés par l’abracadabrante folie créatrice du comédien, animateur et humoriste Luc LeBlanc. Plongés au plus profond de cette intense démarche d’écriture, nous en sommes maintenant à tenter d’apprivoiser son indomptable frénésie fantaisiste.

Réussirons-nous à élucider le mystère
de son Incroyable légèreté?

Finalement, ce triptyque nous aura conduits
à l’inimaginable: à la répétition du miracle.
De un nous sommes passés à deux.
Puis de deux amis, nous sommes passés à quatre.

Philippe Soldevila
Directeur de la création et metteur en scène

Ainsi, lors du deuxième volet du triptyque, nous avons été happés par l’être unique et bouleversant d’intégrité qu’est le musicien et comédien Pierre Guy Blanchard. Nous avons embrassé ses démons, puis, dans le cadre du Long voyage de Pierre-Guy B., il a rapidement marqué notre manière de travailler.

Emportés par son acharnée et contagieuse quête d’authenticité, c’est avec Pierre Guy, notre nouvel «ami pour la vie», que nous avons entrepris notre dernière aventure de création. Et nous voici, tous les trois, décoiffés par l’abracadabrante folie créatrice du comédien, animateur et humoriste Luc LeBlanc. Plongés au plus profond de cette intense démarche d’écriture, nous en sommes maintenant à tenter d’apprivoiser son indomptable frénésie fantaisiste.

Réussirons-nous à élucider le mystère
de son Incroyable légèreté?

Finalement, ce triptyque nous aura conduits
à l’inimaginable: à la répétition du miracle.
De un nous sommes passés à deux.
Puis de deux amis, nous sommes passés à quatre.

Philippe Soldevila
Directeur de la création et metteur en scène

P.S.: Depuis quelques années, Christian, Pierre Guy et Luc me pressent de passer moi aussi dans le collimateur du processus de création à travers lequel je les ai fait passer. Depuis le début, je refuse, terrorisé à la simple idée de me retrouver, comme eux, nu sur scène. Peut-être finiront-ils par me convaincre…

Les innombrables exils

Le territoire est une notion floue en ce qui concerne l’Acadie dont l’existence historique revêt toutes les particularités d’une mythologie qui se transforme à mesure qu’on s’en éloigne dans le temps. Cette mythologie s’articule autour de trois axes qui font référence à trois époques et à trois lieux bien précis.

Il y a d’abord la fondation à l’île Ste-Croix en 1604, premier établissement blanc au nord de la Floride. Puis le déménagement à Port-Royal où fut joué, en 1605, le Masque de Neptune, première représentation théâtrale en Amérique du Nord. S’ensuit une période anarchique et nébuleuse sur laquelle il n’y a pas beaucoup de documentation.

Puis viennent les déportations de 1755, drame fondateur sur lequel ne cessent de revenir les livres d’histoire, pour mettre en perspective l’exil de ces Français qui deviendront dans leur errance des Acadiens. C’est sans doute de ce drame que naîtra cette conscience généalogique qui ne cesse d’habiter cette immense diaspora qui se retrouve dans une recherche constante et émouvante d’appartenance et d’identité.

Puis viennent les déportations de 1755, drame fondateur sur lequel ne cessent de revenir les livres d’histoire, pour mettre en perspective l’exil de ces Français qui deviendront dans leur errance des Acadiens. C’est sans doute de ce drame que naîtra cette conscience généalogique qui ne cesse d’habiter cette immense diaspora qui se retrouve dans une recherche constante et émouvante d’appartenance et d’identité.

Définir l’Acadie devient en ce sens une entreprise périlleuse. Deux termes semblent cependant revenir lorsqu’on évoque cette idée: la notion du paradis perdu, un peu comme le blues des Noirs américains et la notion du territoire à retrouver, un peu comme les Juifs d’Israël. Ces deux réalités constituent le troisième volet de cette mythologie dont je parlais plus haut, celle de la reconquête, du retour vers un territoire bien réel pour certains et mythique pour d’autres.

Dans cette quête inépuisable, le thème de l’exil fait figure d’une sorte d’obsession dans sa volonté d’ancrer un lieu où la vie pourrait suivre son cours sans cette constante vigilance, cette constante survie.

Devant un projet collectif —certains diront un impossible projet collectif— dont l’ampleur et l’ambiguïté semblent toujours faire obstacle, il y a toujours d’autres avenues, d’autres solutions possibles. Il s’agit de choisir celle qui nous donne le réconfort nécessaire pour poursuivre notre parcours.

Pour la plupart des Acadiens, la famille constitue un espace affectif où se recompose le paradis perdu. Les Trois exils de Christian E. s’inscrivent dans cette recherche d’un lieu difficile à cerner, mais nécessaire à y poursuivre une entreprise qui dure depuis plus de 400 ans, celle d’une errance dont la famille et le pays constituent les points de départ et d’arrivée. Le fait que Christian E. soit seul à faire ce parcours est peut-être indicateur de tous ces univers qui nous habitent, mais où il sera toujours difficile de s’y arrêter, de s’y installer définitivement.
L’exil en ce sens est un thème aussi inépuisable que la route, celle qui nous relie dans une errance continentale, celle d’un pays trop grand à habiter et d’une histoire trop courte pour y prendre définitivement racine.

Herménégilde Chiasson